FALQUET Jules, Subjectivations et production collective des épistémologies minoritaires
2021-2022 — Semestre 1 : Lundi 15h-18h
2021-2022 — Semestre 2 : Mardi 15h-18h
2021-2022 — Semestre 2 : Mardi 15h-18h
Master ouvert Licence
FALQUET Jules
Subjectivations et production collective des épistémologies minoritaires
Le contenu de ce séminaire s’organise autour de ce que Monique Wittig a baptisé la « science des opprimé-e-s » puisqu’il s’agit d’éclairer la production collective de théorie comme conséquence et cause de processus de (re)subjectivation, qui passe d’abord par la praxis politique, mais aussi, simultanément ou alternativement, par des pratiques mêlant l’artivisme, la médiation de l’esthétique et les dimensions spirituelles de l’action collective. Une première partie du séminaire sera consacrée à caractériser cette « science des opprimé-e-s », en s’appuyant sur Wittig et Gramsci pour la question de la construction d’une contre-hégémonie (pourquoi, comment, depuis quelle place), en élucidant la question du point de vue situé travaillée par des philosophes féministes états-uniennes blanches comme Sandra Harding, Nancy Hartsock et Donna Haraway, des biais androcentriques et ethnocentriques travaillés par Nicole-Claude Mathieu, mais aussi la généalogie du thème de la double conscience travaillé par des penseurs Noirs comme WEB Du Bois, Fanon ou Gilroy et de l’avantage épistémique développé par des féministes Noires états-uniennes comme bell hooks et Hill Collins. On abordera également l’importance de l’expérience militante concrète, localement ancrée dans « des questions de vie ou de mort », selon les termes des activistes du Combahee River Collective, groupe qui sera pris comme exemple paradigmatique du lien entre praxis collective et théorisation. On examinera ensuite plusieurs courants épistémologiques minoritaires récents et produits depuis les Suds : les féministes Chicanas, tout particulièrement Gloria Anzaldúa, Cherríe Moraga et Norma Alarcón ; les féministes Afrobrésiliennes, depuis les travaux pionniers de Lelia Gonzalez puis Jurema Werneck, Luiza Bairros ou Sueli Carneiro ; les féministes décoloniales d’Abya Yala, depuis la philosophe argentine María Lugones, jusqu’à la théoricienne et artiviste Afrodominicaine Ochy Curiel et le projet artistico-politique du GLEFAS ; et enfin, un ensemble d’épistémologie autochtones, avec les intellectuelles Maya guatémaltèques Maya comme Aura Cumes, Gladys Tzul Tzul ou Lorena Cabnal, ou encore des penseuses Aymara de bolivie comme Silvia Rivera Cusicanqui et Julieta Paredes.
Indications bibliographiques :
- Gloria Anzaldúa : « La conscience de la Mestiza » : https://journals.openedition.org/cedref/679
- Combahee River Collective : « Déclaration féministe Noire » (1979) : https://journals.openedition.org/cedref/415
- Ochy Curiel : « Critique postcoloniale et pratiques politiques du féminisme antiraciste » (2007) : https://www.cairn.info/revue-mouvements-2007-3-page-119.htm
- Lelia Gonzales : « La catégorie politico-culturelle d’Améfricanité » (1988) : https://journals.openedition.org/cedref/806
- Patricia Hill Collins : « La construction sociale de la pensée féministe Noires » (1990)
- Maria Lugones : « La colonialité du genre » (2007) https://journals.openedition.org/cedref/1196
- Nicole-Claude Mathieu : « Critiques épistémologiques de la problématique des sexes » (1985)
- Monique Wittig : « La pensée straight » (1981) : https://ptilou42.files.wordpress.com/2016/08/la-pensc3a9e-straight.pdf