Département de philosophie

Les Moyens-Âges de Gilles Deleuze

 

Qu’il s’agisse de grandes controverses ontothéologiques (autour de Duns Scot et de Thomas d’Aquin en particulier), des mutations socioéconomiques et institutionnelles (avec l’essor des dynamiques urbaines et commerciales, la rationalisation du travail de la norme juridique, les mutations du pouvoir ecclésiastique de part et d’autre de la Réforme grégorienne), de la confrontation de la Chrétienté latine avec son grand Autre musulman (les Croisades), la pensée de Deleuze se singularise, dans le paysage philosophique des années 1960-1980, par un rapport intense à l’histoire du Moyen-Âge dont nous interrogerons dans ce cours l’insistance, et par un intérêt en apparence éclectique et dispersé pour l’historiographie médiéviste de son époque dont il faudra questionner la cohérence. Quelle place occupent ces Moyens-Âges de Deleuze dans sa fabrique conceptuelle en faveur de l’immanence et de l’univocité de l’être, dans son débat avec les différentes acceptions de la « dialectique », mais aussi, avec Guattari, dans sa re-théorisation de la forme-Etat et de la généalogie du mode de production capitaliste, ou encore dans sa conceptualisation des agencements du désir et du pouvoir en termes de déterritorialisation et de reterritorialisation ? Qu’est-ce que la philosophie de l’histoire et la géophilosophie deleuziennes trouvent, en somme, dans l’archive médiévale de la modernité, pour qu’elle lui paraisse si nécessaire ?

 

Gilles Deleuze, Différence et répétition, Paris, PUF, 1968.

Gilles Deleuze, Dialogues, Paris, Garnier, 1976.

Gilles Deleuze et Félix Guattari, Mille plateaux, Paris, Minuit, 1980.

Aimé Forest, Fernand van Steenberghen, Maurice de Gandillac, Le Mouvement doctrinal du IXe au XIVe siècle, t. xiii de l’Histoire de l’Église depuis les origines jusqu’à nos jours, Bloud & Gay, Paris, 1951.

Florian Mazel, Féodalités (888-1180), Gallimard, Paris, 2010.

Florian Mazel (dir.), Nouvelle histoire du Moyen Âge, Seuil, Paris, 2021.