Département de philosophie

Politiques du refuge : gouvernement de l’espace, écologie et eschatologie

 

« À l’heure actuelle, la Terre est pleine de réfugiés, humains ou pas, sans refuge… ». Ce cours visera à interroger ce diagnostic de Donna Haraway, en problématisant le concept de refuge auquel il fait appel, la diversité des épistémologies pouvant le prendre en charge, et des politiques de l’espace susceptibles de le mobiliser. Nous traverserons un ensemble hétérogène de travaux contemporains en philosophie et en anthropologie politiques, en histoire environnementale, en histoire coloniale, en sciences écologiques, en épistémologie du marronage, pour démarquer la forme-refuge d’autres schèmes spatiaux du « gouvernement des vivants » (la domus, le camp, la réduction, la réserve surtout), et tenter d’accentuer une limite intensive du refuge : lieu paradoxal, hétérotopique, qui donne abri lorsqu’il n’y a plus de lieux où se réfugier, donc confin, ou fin de l’espace, qui oblige à repenser corrélativement une « spatialisation de l’eschaton » et une « eschatologisation de l’immanence » (Viveiros de Castro), c’est-à-dire de la Terre.

 

Anna Tsing, Proliférations, Marseille, Wildproject, 2022.

James C. Scott, Zomia, ou l’art de ne pas être gouverné, Paris, Le Seuil, 2009.

Dénètem Touam Bona, « Cosmopoétique du refuge » (accessible en ligne, revue Terrestres).

Gilles Deleuze et Félix Guattari, Mille plateaux, Paris, Minuit, 1980, Plateaux 9 et 10.

Eduardo Viveiros de Castro, « Aucun peuple n’est une île », in G. Cometti et al (dir.), Au seuil de la forêt, Mirabeau-sur-Bèze, Tautem, 2019 (chap. accessible en ligne).

Amnon Raz-Krakotzkin, Exil et souveraineté, Paris, La Fabrique, 2007 (en ligne sur Cairn).