Département de philosophie

Qu’est-ce qu’une coupure ? (1. Épistémologie de la coupure historique)

 

La coupure vient rompre une succession : la suite est dissociée de ce qui précédait, le moment suivant n’est plus dans la continuité du précédent - comme s’il se trouvait ailleurs. Un premier enjeu du cours sera d’interroger ce temps disloqué de la coupure, en lien avec la contingence de l’événement et sa capacité à produire une nécessité rétrospective. La révolution française, emblème de la coupure historique, mais aussi l’apparition du capitalisme, dont la coupure « continuée » ne cesse d’avoir à advenir encore, ou bien la coupure galiléenne, qui n’a pas créé l’indépendance des objets de la science pour le futur seulement mais aussi pour le passé : comment la contingence peut-elle produire de la nécessité ? La coupure historique repose, à propos du surgissement du « nouveau » ou de l’invention créatrice, une question que la philosophie rencontre régulièrement dans son histoire : comment quelque chose peut-il devenir éternel ? L’autre enjeu du cours est d’étudier la double filiation à l’origine du discours de la coupure dans la philosophie française contemporaine : celle de l’histoire normative des sciences de Bachelard et Canguilhem et celle du (post)structuralisme de Lacan et d’Althusser. Quel rapport les logiques de la coupure, qui ont marqué les années 60, ont-elles tissé entre la doctrine de la science moderne et la théorie du capitalisme ? Quel lien ont-elles noué entre l’exigence critique de suspendre les synonymies et l’analyse marxiste des césures historiques ?

 

Louis Althusser, Lire le capital, Puf, Quadrige, 1965.

––––––––––––, Pour Marx, Maspero, 1974.

Gaston Bachelard, Le rationalisme appliqué, Puf, 1949/2004.

Georges Canguilhem, Idéologie et rationalité, Vrin 1977/2009.

Jacques Lacan, « La science et la vérité », Écrits (II), Seuil, 1966.

Karl Marx, Le Dix-huit Brumaire de Louis Bonaparte, Éditions sociales, 1984.

Jean-Claude Milner, L’œuvre claire, Paris, Seuil, 1995.

Goldmann Lucien, Le Dieu caché. Étude sur la vision tragique dans les Pensées de Pascal et dans le théâtre de Racine, Paris, Gallimard, 1955.

Gouhier Henri, Blaise Pascal. Commentaires [1966], Paris, Vrin, 1971.

Gouhier Henri, L’anti-humanisme au XVIIe siècle, Paris, Vrin, 1987.

Lazzeri Christian, Force et justice dans la politique de Pascal, Paris, PUF, 1993.

Serres Michel, Le système de Leibniz et ses modèles mathématiques, Paris, PUF, 1968.