Département de philosophie

Pratique du commentaire de texte : les « inclinations » chez Descartes

 

Descartes affirme dans une lettre pleine de sérieux que les jeux de hasard réussissent mieux lorsqu’on est dans une bonne disposition. Dans une autre, il déclare que l’amitié est une « inclination secrête », qui est « réciproque » de manière immédiate, dès le premier contact et avant même de ce connaître mutuellement. Il faut se fier à ces choses, assure-t-il dans les deux cas, lui-même n’agit et ne pense pas autrement. Peut-on avec la philosophie de Descartes penser de manière cohérente que le réel n’est pas indifférent aux « inclinations » qui nous traversent, qu’il leur répond en quelque sorte ? Cette interrogation peut sembler de prime abord déroutante, tant elle semble loin de l’idée qu’on se fait du cartésianisme : une coupure froide passent entre sujet et objet, nous jetant dans un univers géométrique et mécanique. Nous en ferons une problématique à partir de laquelle lire des textes de Descartes sous un angle nouveau, les lire ensemble et patiemment. Les passages seront donnés d’une semaine sur l’autre et repris en commun. Si la seule méthode du commentaire de texte consiste à trouver une problématique qui ferme la porte à la paraphrase et ouvre sur un monde de problèmes et de solutions qu’on ne voit qu’à demi sans elle, ces séances se veulent une initiation en grand à l’exercice du commentaire. On tient Descartes pour le fondateur de la modernité philosophique. L’enjeu consistera à se demander si un autre mode de lecture de son œuvre ne devient pas possible au moment où beaucoup prétendent que nous sortons de la modernité.

 

De Descartes, en particulier : Les lettres à Elisabeth, le Discours de la méthode, ainsi que les réponses aux objections en 2e partie des Méditations métaphysiques (Œuvres complètes, sous la direction de Beyssade et de Kambouchner).

Pierre Guenancia, Lire Descartes, Gallimard, 2000.

Geneviève Rodis-Lewis, L’œuvre de Descartes, Vrin, 2013.

Foucault, « Mon corps, ce papier, ce feu », in Dits et écrits II, Gallimard, 2001.