GINÉS Camila. Le Sophiste de Platon


Semestre 2
Vendredi 18h-21h
Licence, Master
 
GINÉS Camila
Le Sophiste de Platon
 
En s’interrogeant sur la théorie des idées, Platon compose Le Sophiste comme la prolongation de la discussion commencée dans le Théétète. Après avoir abordé les problèmes métaphysiques sur les genres et la nature de l’être, ce dialogue s’engage aussi à définir le sophiste. Si le philosophe et le sophiste semblent se ressembler puisqu’ils revendiquent tous les deux l’usage de la sagesse (sophia), d’après Platon, en verité ils se ressemblent comme le chien et le loup. Après avoir déjà écrit plusieurs dialogues qui traitent de manière plus ou moins directe le problème de la rhétorique et des sophistes (Le Gorgias, Hippias mineur et Hippias majeur, Le Banquet, Le Phèdre), dans Le Sophiste Platon parvient de façon plus résolue à l’idée que seulement une analyse profonde de l’être et du non-être lui permettra de définir clairement le logos philosophique. Cela implique d’opérer un partage définitif entre le philosophe, « l’homme libre » qui est dans la lumière de la verité, et le sophiste, l’imitateur, l’illusionniste qui se cache dans « l’obscurité du non-être ».
Ainsi, dans sa démarche dialectique, que ce cours se propose de restituer, il s’agit de débusquer le sophiste au fil d’une opposition à Parménide visant à établir les notions d’être et de non-être qui ouvre aussi sur le conflit entre matérialisme et idéalisme ainsi que sur la place qu’occupent le corps et l’âme dans la constitution de l’être. Ensuite, on se penchera de manière plus approfondie sur l’urgence de défniir le sophiste pour l’exclure, car autant lui que sa rhétorique sont, d’après Platon, dangeureuses pour la polis. On s’interrogera enfin aussi bien sur les risques réels que ce personage historique entrainait pour la cite démocratique que sur les enjeux politiques qui tramaient ce violent acharnement philosophique contre la rhétorique. Par ce biais on mettra en rapport le besoin de ce geste d’exclusion (visant à définir le logos philosophique en le liant à l’être et à la verité) avec les conflits politiques et sociaux de la société athénienne à l’époque de Platon dans la mesure où ils rendent intelligibles les raisons du partage entre philosophie et rhétorique, entre le vrai et le faux, qui ont été cruciaux pour la foundation de la pensée occidentale.
 
Bibliographie indicative :
Platon, Le Sophiste, Paris, GF Flammarion, 2006.
Platon, Le Gorgias, Paris, GF Flammarion, 2018.
Platn, Hippias mineur. Hippias majeur, Paris, GF Flammarion, 2005.
Platon, Le Parménide, Paris, GF Flammarion, 2018.
P. Aubenque, Études sur le Sophiste de Platon, Naples, Bibliopolis, 1991.
B. Cassin, Parménide. Sur la nature ou sur l’étant. La langue de l’être ?, Paris, Seuil, 1998.
L. Pernot, Confluences de la philosophie et de la rhétorique grecques, Paris, Vrin, 2022.