Séminaire. Antidotes aux émancipations normatives. Lectures croisées de Fernand Deligny et d’Ivan Illich. 1ère séance : 27 sept. 2023
Éric LECERF et Bertrand OGILVIE
Antidotes aux émancipations normatives. Lectures croisées de Fernand Deligny et d’Ivan Illich
Université Paris 8 | Collège international de philosophie
Université Paris 8 | Collège international de philosophie
Séminaire annuel 2022-2023
Master ouvert Licence (validable sur le semestre 2)
Master ouvert Licence (validable sur le semestre 2)
Semestre 1 : Mercredis 27 septembre, 4 et 11 octobre, 8 et 15 novembre, 6 et 13 décembre de 18h à 21h, salle A028
Semestre 2 : Mercredis 31 janvier et 7 février, 6 et 13 mars, 3 et 24 avril.
Avec l’enfance comme horizon de sens, ce séminaire se propose de reprendre le dossier des projets éducatifs émancipateurs perpétuellement ouverts et refermés en cherchant à analyser ce qui expliquerait ce perpétuel ressac. Sans doute le fait que seuls des adultes « bien intentionnés » « se penchent » sur le « problème » de l’enfance n’y est pas pour rien. De ceux pour lesquels elle est un « problème » qu’y a-t-il à attendre sinon le souci, décliné de multiples manières, de le « régler » ? Et de cette « règle », qu’attendre sinon une certaine violence normative, fût-elle dotée des meilleures intentions et adossées à des « anthropologies » qui, pour se croire politiques ou même révolutionnaires, n’en restent pas moins des anthropologies, c’est-à-dire des arrêts sur image conférant à leur objet une fixité de nature qui ne peut que trahir le mouvement irrépressible dans lequel sont pris ces enfants quand on leur accorde de ne pas passer du statut d’objets à celui de sujets comme on tombe de Charybde en Scylla ? La dimension anarchique et l’horizon d’utopie (pris en son sens premier, rebelle à celui que l’idéologie dominante de l’efficacité lui confère d’irréalisable) dans laquelle aussi bien Deligny qu’Illich s’inscrivirent délibérément devraient nous permettre d’élaborer une critique des doctrines et des visées impériales qui se donnent des allures de radicalité et de porter le fer au cœur des apories entretenues des établissements d’enseignement, des institution de soin, des secteurs de l’éducation et de la rééducation en général. Le malaise y est si patent, si étendu et si scandaleusement manipulé par les pouvoirs de toutes sortes et de tout niveau qu’on ne peut qu’y voir un enjeu majeur des sociétés modernes, la boîte noire de leur reproduction à l’identique, le secret de Polichinelle de leur mépris de l’humain. Court-circuitant le discours spécialisé, administratif, pédagogique et pseudo-scientifique qui prétend avoir la mainmise sur le monde de l’enfance, on cherchera les moyens de donner la parole à celui qui, soi-disant ne parle pas encore, l’infans.
Indications bibliographiques :
Fernand Deligny, Les vagabonds efficaces & autres récits, Paris, Maspero, 1975.
Fernand Deligny, Les enfants et le silence, Paris, Galilée, 1980.
Fernand Deligny, Cartes et lignes d’erre, Paris, l’Arachnéen, 2013.
Fernand Deligny, Lettres à un travailleur social, Paris, l’Arachnéen, 2017.
Ivan Illich, Une société sans école, Paris, Seuil, 1971.
Ivan Illich, Le genre vernaculaire, Paris, Seuil, 1983.
Ivan Illich, ABC, L’alphabétisation de l’esprit populaire, Paris, La Découverte, 1990.
Ivan Illich, La perte des sens, Paris, Fayard, 2004.