VAZQUEZ NICLI Daniel. Le concept d’intensité. De l’idéalisme allemand à la philosophie de la différence


Semestre 1
Vendredi 12h-15h
Licence ouvert Master
 
VAZQUEZ NICLI Daniel
Le concept d’intensité. De l’idéalisme allemand à la philosophie de la différence
 
Ce cours se propose de reconstruire le concept d’intensité à travers trois moments clés de l’idéalisme allemand, en analysant la place qu’il occupe dans chaque système philosophique, les concepts qui l’entourent et le conditionnent, pour finalement le confronter à la lecture que propose Gilles Deleuze dans le cadre de sa philosophie de la différence. Partant de l’hypothèse que l’intensité constitue un axe gravitationnel déterminant pour toute réflexion ontologique ultérieure, il sera nécessaire d’aborder d’autres notions proches telles que celles d’individuation, de gradation, de qualité, de limite et de saturation.
Nous utiliserons comme guide l’ouvrage de Juliette Simont, Essai sur la quantité, la qualité, la relation chez Kant, Hegel, Deleuze (1997). Reprenant la problématique qui y est proposée, nous chercherons aussi à intégrer une perspective supplémentaire : l’intensité pure formulée par Schelling. Chez Kant, l’intensité se définit comme la quantité graduelle qui détermine l’expérience sensible (quantité intensive) ; chez Schelling, elle est posée comme fondement ultime du substrat et de la qualité (intensité pure) ; chez Hegel, où elle se manifeste comme grandeur intensive, point limite du devenir-autre dans le processus dialectique. Dans un second temps, nous confronterons ces trois formes de l’intensité à la différence intensive chez Deleuze, qui constitue notre point de relecture et de réinterprétation des auteurs qui le précèdent.
Le choix de l’intensité comme fil conducteur — précisément en raison de son caractère partagé, mais aussi dissonant, entre les systèmes — implique une un travail méthodologique important : travailler avec des concepts extraits des cadres systémiques dans lesquels ils ont été conçus, sans pour autant perdre de vue la logique interne qui les soutient. Isoler un élément de son contexte conceptuel pour le mettre en relation de manière décalée exige alors une attention particulière à l’étude directe des textes : nous lirons et commenterons des extraits sélectionnés, apprendrons à identifier les points de vue et les arguments qui leur donnent corps, tout en proposant des exercices réguliers d’analyse et d’écriture.
 
Bibliographie de référence :
Deleuze, G. Le ?Bergsonisme, Paris, P.U.F., 1966.
Deleuze, G. Différence et répétition, Paris, P.U.F., 1968.
Deleuze, G. Logique du sens, Paris, Minuit, 1969.
Deleuze, G. et Guattari, F. L’Anti-Œdipe, Paris, Minuit, 1972.
Hegel, G.?W.?F. Encyclopédie des sciences philosophiques en abrégé, Paris, Vrin, 2012.
Hegel, G.?W.?F. Science de la logique. Livre premier ? : L’Être, Paris, Vrin, 2015.
Kant, E. Critique de la raison pure, Paris, P.U.F., 2004.
Kant, E. Essai pour introduire en philosophie le concept de grandeur négative, Paris, Vrin, 1991.
Schelling, F. W. J. Introduction à l’Esquisse d’un Système de Philosophie de la Nature, Paris, LGF, 2001.
 
Bibliographie critique :
Brassier, R. Nihil Unbound : Enlightenment and Extinction, London, Palgrave Macmillan, 2007.
Garcia, T. La vie intense : une obsession moderne, Paris, Éditions Autrement, 2016.
Grant, I. H. Philosophies of nature after Schelling, London, Continuum, 2006.
Simont, J. Essai sur la quantité, la qualité, la relation chez Kant, Hegel, Deleuze, Paris, Éditions Kimé, 1997.
Vuillerod, J.-B. La révolution trahie : Deleuze contre Hegel, Villeneuve-d’Ascq, Septentrion, 2023.