Département de philosophie

Monstres Méchants : monstrueux, antagonismes et figures du mal

 

Qu’est-ce qu’un monstre ? Un être imaginaire, amalgame de morceaux animaux flirtant avec le surnaturel, et résurgence d’un passé primitif où les croyances prenaient le pas sur la science pour élucider des événements jugés inexplicables (la bête du Gévaudan, les changelins, le Diable…), jusqu’à constituer un bestiaire horrifique transmis culturellement. Une réalité biologique cependant, le terme désignant les fruits de la génération réelle des individus parfois inattendue dans ses formes, qui contrevient à l’idée d’une nature parfaitement réglée selon ses fins (tératologie). Un positionnement social, enfin, nous amenant à une définition structurale du monstre comme une position de marginalité face à des structures sociales dominantes (de classe, de genre, de race) qu’elle subit en même temps qu’elle les récuse. A l’origine de toutes les imaginations, fantasmes et terreurs, le monstre, parce qu’il est la matérialisation d’une remise en cause fondamentale de la norme biologique et sociale, est figure cristallisatrice des tensions qui émergent d’un rapport de soi parmi les autres fracturé. Toujours, c’est une figure qui remet en cause les certitudes de ce que l’on pensait savoir, en particulier concernant ce qui est, pour nous imposer que, lui, est malgré tout.

 

ARISTOTE, Parties des animaux.

ERASME, Eloge de la folie, 1511.

MONTAIGNE Michel de, Essais, 1580.

SHELLEY Mary, Frankenstein, 1818.

MAUPASSANT Guy de, Le Horla, 1887.

STOCKER Bram, Dracula, 1897.

LOVECRAFT H. P., Les Montagnes hallucinées, 1936 ; « Supernatural Horror in Literature », 1927.

CANGUILHEM Georges, Le Normal et le pathologique, 1966, ainsi que « La Monstruosité et le monstrueux » dans Connaissance de la vie, 1965.

FOUCAULT Michel, Histoire de la folie à l’âge classique, 1972.

PRECIADO Paul B., Je suis un monstre qui vous parle, 2020.

Et beaucoup de films !