Conférence. Patricio Landaeta (REELDG / Université de Playa Ancha) : Perspectives de l’écosophie. Apports de la pensée de Félix Guattari au débat écologique dans la philosophie contemporaine. 4 juin 2025
Conférence
Patricio Landaeta
(REELDG / Université de Playa Ancha)
(REELDG / Université de Playa Ancha)
Perspectives de l’écosophie
Apports de la pensée de Félix Guattari au débat écologique dans la philosophie contemporaine
Apports de la pensée de Félix Guattari au débat écologique dans la philosophie contemporaine
Mercredi 4 juin 2025 à 13h30
Université Paris 8 | Maison de la Recherche, salle MR A2-217
2 rue de la Liberté, 93200 Saint-Denis (Métro Saint-Denis Université)
Université Paris 8 | Maison de la Recherche, salle MR A2-217
2 rue de la Liberté, 93200 Saint-Denis (Métro Saint-Denis Université)
Argumentaire – La crise écologique actuelle, et l’accélération de ses effets à travers différentes régions du globe, ont suscité ces dernières années un « tournant écologique » (Tinnell, 2012) au sein d’un large éventail de savoirs et de pratiques artistiques. La nécessité d’un changement radical dans notre rapport au soin de la biosphère apparaît de plus en plus évidente, à la lumière des recherches annonçant un effondrement imminent de la vie sur Terre. Cette prise de conscience se manifeste dans la prolifération d’études et d’œuvres consacrées à rendre visible et à interroger l’impact social du changement climatique, du réchauffement global et, plus récemment, de l’Anthropocène – concept qui synthétise les dommages infligés à la surface terrestre par les modes modernes de production.
C’est dans le contexte des débats écologiques du milieu des années 1980 qu’émerge l’écosophie de Félix Guattari : une matrice à la fois analytique et pratique, qui s’inscrit dans ce que l’on peut considérer comme une seconde phase de l’activisme et de la pensée écologiques, après leur essor à la fin des années soixante et au début des années soixante-dix. L’écosophie constitue une réponse aux nouveaux diagnostics du changement climatique induit par l’usage des énergies fossiles, mais aussi, et peut-être surtout, à la croissance exponentielle des centres urbains dans le tiers-monde et à l’« abrutissement mass-médiatique » qui affecte les pays développés (Guattari, 1985).
Ce qui distingue la proposition de Guattari d’autres approches contemporaines est l’élaboration d’une notion élargie d’écologie, ainsi que l’ancrage résolument pratique de sa réflexion. Son projet visait à élaborer un nouveau paradigme esthétique capable d’analyser et d’intervenir transversalement dans les trois dimensions écologiques : environnementale, sociale et mentale. Pourtant, cette proposition demeure largement marginalisée dans les débats écologiques contemporains, soit parce qu’elle reste un projet inachevé, soit en raison de la dispersion de ses textes, soit encore du fait de sa critique implicite de l’écologie « verte » conservatrice, marquée par une certaine antimodernité – c’est-à-dire par un rejet radical de la civilisation machinique et un appel au retour à la nature.
Ce projet vise à réinscrire l’écosophie dans le débat écologique contemporain. Dans un premier temps, nous analyserons sa distance critique vis-à-vis de l’écologie verte [et de l’écologie politique], avant d’approfondir la constellation conceptuelle qui structure sa proposition des trois écologies dans le cadre d’un nouveau paradigme esthétique. Dans un second temps, une analyse comparative permettra de mettre en lumière l’originalité de la pensée de Guattari, en la distinguant d’autres formulations qui se réclament également de l’écosophie, notamment celles d’Arne Naess ou de Raimon Panikkar. Enfin, cette recherche entend prolonger, par d’autres moyens, le projet interrompu de Guattari, en le mettant en dialogue avec l’anthropologie de Viveiros de Castro et d’autres penseurs contemporains issus du poststructuralisme, afin d’explorer les convergences possibles entre le paradigme esthétique et certaines pratiques artistiques en dialogue avec les savoirs des peuples autochtones d’Amérique latine.
C’est dans le contexte des débats écologiques du milieu des années 1980 qu’émerge l’écosophie de Félix Guattari : une matrice à la fois analytique et pratique, qui s’inscrit dans ce que l’on peut considérer comme une seconde phase de l’activisme et de la pensée écologiques, après leur essor à la fin des années soixante et au début des années soixante-dix. L’écosophie constitue une réponse aux nouveaux diagnostics du changement climatique induit par l’usage des énergies fossiles, mais aussi, et peut-être surtout, à la croissance exponentielle des centres urbains dans le tiers-monde et à l’« abrutissement mass-médiatique » qui affecte les pays développés (Guattari, 1985).
Ce qui distingue la proposition de Guattari d’autres approches contemporaines est l’élaboration d’une notion élargie d’écologie, ainsi que l’ancrage résolument pratique de sa réflexion. Son projet visait à élaborer un nouveau paradigme esthétique capable d’analyser et d’intervenir transversalement dans les trois dimensions écologiques : environnementale, sociale et mentale. Pourtant, cette proposition demeure largement marginalisée dans les débats écologiques contemporains, soit parce qu’elle reste un projet inachevé, soit en raison de la dispersion de ses textes, soit encore du fait de sa critique implicite de l’écologie « verte » conservatrice, marquée par une certaine antimodernité – c’est-à-dire par un rejet radical de la civilisation machinique et un appel au retour à la nature.
Ce projet vise à réinscrire l’écosophie dans le débat écologique contemporain. Dans un premier temps, nous analyserons sa distance critique vis-à-vis de l’écologie verte [et de l’écologie politique], avant d’approfondir la constellation conceptuelle qui structure sa proposition des trois écologies dans le cadre d’un nouveau paradigme esthétique. Dans un second temps, une analyse comparative permettra de mettre en lumière l’originalité de la pensée de Guattari, en la distinguant d’autres formulations qui se réclament également de l’écosophie, notamment celles d’Arne Naess ou de Raimon Panikkar. Enfin, cette recherche entend prolonger, par d’autres moyens, le projet interrompu de Guattari, en le mettant en dialogue avec l’anthropologie de Viveiros de Castro et d’autres penseurs contemporains issus du poststructuralisme, afin d’explorer les convergences possibles entre le paradigme esthétique et certaines pratiques artistiques en dialogue avec les savoirs des peuples autochtones d’Amérique latine.
Patricio Landaeta est docteur en philosophie de l’Université pontificale catholique de Valparaiso et de l’Université Complutense de Madrid en cotutelle avec l’Université Paris 8. Il est chercheur au Centre d’études avancées et professeur du département des arts intégrés et du programme de doctorat en littérature latino-américaine de l’Université de Playa Ancha, Valparaíso, Chili. Depuis 2018, il coordonne le Réseau d’études latino-américaines Deleuze et Guattari (Red Estudios Latinoamericanos Deleuze y Guattari). Il est actuellement chercheur principal du projet « Agencement de désir : émergence, fonction et projections du concept dans le Sud global » (ANID 2022-2026). Il est l’auteur de Gilles Deleuze y Félix Guattari. Perspectivas actuales de una filosofía vitalista (2021), et avec José Escurdia Corona de Luchas minoritarias y líneas de fuga en América Latina (2023).
Cette conférence est ouverte à tou·te·s.