Chaire internationale de philosophie contemporaine de l’Université Paris 8 2024-2025 : Verónica GAGO (UBA/UNSAM/CONICET)


Chaire internationale de philosophie contemporaine de l’Université Paris 8
2024-2025
 
 
La Chaire internationale de philosophie contemporaine de l’Université Paris 8 accueille cette année Verónica Gago, professeure à l’Université de Buenos Aires et à l’Université Nationale de San Martin.
Elle donnera une grande conférence, "Argentine as ultra-right wing laboratory : hypotheses for a feminist political analysis", introduite par Annick Allaigre, le 3 février 2025, puis deux séminaires en anglais (validables par les étudiant·e·s de Paris 8) de 8 séances chacun de mars à mai 2025, "On the fascistization of social reproduction : cross-border views about anti-feminism, debt and neoliberalism", et "Rethinking The Strike : times and territories of the revolt".
La conférence comme les séminaires se tiendront à la Maison de la Recherche de l’Université Paris 8 à Saint-Denis. Ils sont ouverts à tou·te·s et seront également accessibles à distance.
 
Université Paris 8 | https://www.univ-paris8.fr
Laboratoire d’études et de recherches sur les logiques contemporaines de la philosophie | https://llcp.univ-paris8.fr
Contact information : Ariane Revel | ariane.revel@gmail.com
 

 
Verónica Gago enseigne les sciences politiques à l’Université de Buenos Aires (UBA) et la théorie critique et la théorie du genre à l’Université Nationale de San Martin (UNSAM).
Elle est chercheuse indépendante au Conseil national de la recherche scientifique et technologique (CONICET) et fait également partie du GIIF (Groupe de recherche et d’intervention féministe). Elle coordonne un groupe de travail sur les économies populaires en Amérique latine au sein du CLACSO (Conseil latino-américain des sciences sociales).
Elle est membre du collectif d’édition radicale Tinta Limón. Elle a occupé la chaire Andrés Bello pour le printemps 2023 à l’Université de New York.
Ses travaux portent sur les relations entre le féminisme, le néolibéralisme et la financiarisation de la vie quotidienne.
Gago est l’autrice de Neoliberalism from Below : Popular Pragmatics and Baroque Economies (Duke University Press, 2017) et Feminist International (Verso, 2020). Elle est co-autrice de A Feminist Reading of Debt, avec Luci Cavallero (Pluto Press, 2021) et de nombreux articles publiés dans des revues et des ouvrages collectifs en Amérique latine, en Europe et aux États-Unis.
 


Conférence
 
Verónica GAGO (UBA/UNSAM/CONICET)
Argentine as ultra-right wing laboratory : hypotheses for a feminist political analysis
 
Introduction : Annick Allaigre (Université Paris 8)
 
 
Lundi 3 février 2025 à 15h
Amphi MR002
Maison de la Recherche de l’Université Paris 8
Campus de Saint-Denis

2, rue de la Liberté – 93200 Saint-Denis
(M° Saint-Denis Université)
 
 
With the triumph of the ultra-right candidate Javier Milei -an outspoken proponent and leader of “anarcho-capitalism”- in Argentina, in a country where the feminist movement has been one of the most powerful, I propose re-examining this ultra-neoliberal victory as a contestation and reaction, but also a practical rehearsal of a type of neoliberalism that is directly a plunder capitalism. I will analyze how his government responds to and disputes the notion of radicalness and why the deployment of cruelty is assumed as a mode of government.
 
Avec le triomphe du candidat d’ultra-droite Javier Milei - partisan et leader déclaré de l’« anarcho-capitalisme » - en Argentine, où le mouvement féministe a été extrêmement puissant, je propose de relire cette victoire ultra-néolibérale comme une contestation et une réaction, mais aussi comme la répétition pratique d’un type de néolibéralisme qu’on doit identifier immédiatement comme un capitalisme de pillage. J’analyserai comment le gouvernement de Milei se positionne par rapport à la notion de radicalité et la conteste et pourquoi le déploiement de la cruauté est assumé comme un mode de gouvernement.
 
 

 
Séminaires
 
 
 
Verónica GAGO (UBA/UNSAM/CONICET)
On the fascistization of social reproduction : cross-border views about anti-feminism, debt and neoliberalism

 
Séminaire de 8 séances de février à mai 2025 (en anglais)
Maison de la Recherche de l’Université Paris 8 | Campus de Saint-Denis

2, rue de la Liberté – 93200 Saint-Denis. Métro Saint-Denis Université
Zoom : https://us04web.zoom.us/j/79819656075?pwd=99kZ6SDIadQG0CkYvs2kwzIpVUjp6a.1
 
1. Lundi 3 mars 2025, 15h-17h, salle MR A2-204
2. Lundi 10 mars 2025, 15h-17h, salle
MR A2-204
3. Lundi 17 mars 2025, 15h-17h, salle MR A2-204
4. Lundi 24 mars 2025, 15h-17h, salle MR A2-202
5. Lundi 31 mars 2025, 15h-17h, salle MR A2-202
6. Lundi 7 avril 2025, 15h-17h, salle MR A2-202
7. Lundi 28 avril 2025, 15h17h, salle MR A2-202
8. Lundi 5 mai 2025, 15h-17h, salle MR A2-202
 
This seminar will analyze contemporary strike experiences in order to think about them from their expansions, beyond the territory of wage labor in a feminist and anti-colonial perspective.
We will take as working cases the feminist strikes in Argentina, Spain and Italy (2017-2024) ; the indigenous-popular-feminist strikes in Ecuador (2019 and 2022) ; the national strike-”estallido”/uprising in Colombia (2019-2020-2021) and the feminist strike (2018-2020) and ”estallido”/uprising in Chile (2019).
Each unfolds a sequence and, at the same time, a discontinuity of political and organizational events that can be thought of in relation to a dynamic that is both processual and disruptive.
We will combine each of these cases of analysis, their conceptualizations and problematics from several questions : what is it for ? ; how is the strike organized ? ; who are the subjects and the demands in each case ? ; what relation can be established with the political processes in each country and at the transnational level ? ; can cycles be established ? ; which are the territories of the revolt ? ; what are the temporalities of the strike ?
We will discuss both the epistemologies of strikes and the question of their generality, efficacy and character in terms of economic, political and subjective ambitions.
 
Dans ce séminaire, nous analyserons le débat sur ce qui est perçu comme crise de la reproduction sociale : ce sera le moyen de développer la notion de « fascisation de la reproduction sociale » (Silvia Federici), qui constitue un point clé pour comprendre les formes de l’antiféminisme comme éléments programmatiques de la nouvelle ultra-droite. La pandémie est un moment décisif pour cette compréhension, en lien avec l’intensification des tensions autour de la liberté et des soins.
La catégorie de « travail essentiel » doit également constituer un point important de la discussion. Elle est en effet porteuse d’un fort paradoxe : elle effectue une re-naturalisation de ces tâches et les associe avec certains corps et espaces. La reproduction sociale a depuis longtemps été l’objet de débats en tant qu’elle est permet de définir l’interdépendance d’un point de vue matérialiste. Ces arguments sont la clé d’une épistémologie féministe qui prend en compte la production par le bas et comprend sa financiarisation comme un terrain de la lutte des classes. Dans le même ordre d’idées, il est également nécessaire de discuter du caractère « mutant » du néolibéralisme (Callison et Manfredi) pour éviter une lecture totalisante de ce dernier : il est pour cela crucial de le comprendre comme une réponse à des cycles de lutte particuliers (ce qui permet de rendre compte des variations d’échelle de sa violence et de ses modes de recomposition). Un problème majeur se pose ici, qui peut être considéré comme une question ouverte, soulevée en particulier par les mouvements transféministes : quels sont les outils politiques de protestation et de négociation d’une force de travail qui se trouve à l’intersection entre la finance (et les plates-formes) et l’économie (et la société) ?
 

Verónica GAGO (UBA/UNSAM/CONICET)
Rethinking The Strike : times and territories of the revolt
 
Séminaire de 8 séances de février à avril 2025 (en anglais)
Maison de la Recherche de l’Université Paris 8 | Campus de Saint-Denis
2, rue de la Liberté – 93200 Saint-Denis. Métro Saint-Denis Université
Zoom : https://us04web.zoom.us/j/72218596517?pwd=KKgifJBhi71CoxeCQNPkhdCCADRgEK.1
 
1. Mercredi 5 mars 2025, 15h-17h, salle MR A2-202
2. Mercredi 12 mars 2025, 15h-17h, salle MR A2-202
3. Mercredi 19 mars 2025, 15h-17h, salle MR A2-202
4. Mercredi 26 mars 2025, 15h-17h, salle MR A2-202
5. Mercredi 2 avril 2025, 15h-17h, salle MR A2-202
6. Mercredi 9 avril 2025, 15h-17h, salle MR A2-202
7. Mercredi 23 avril 2025, 15h-17h, salle MR A2-202
8. Mercredi 30 avril 2025, 15h-17h, salle MR A2-202
 
In this seminar, we will analyze the dispute over what is perceived as a crisis at the level of social reproduction in order to develop the notion of “fascistization of social reproduction” (Silvia Federici), as a key point to understand the forms of anti-feminism as programmatic elements of the new ultra-right. The pandemic is a crucial moment to understand it, in relation to the intensification of tensions around freedom and care.
It is also important to discuss the category of “essential work” because it connotes a strong paradox : it names a re-naturalization of these tasks and their association with certain bodies and spaces. Social reproduction has long been discussed as a way of defining interdependence in a materialistic way. These arguments are key to a feminist epistemology that looks at production from below and understands its financialization as a field of class struggle. Along these lines, it is also necessary to discuss the “mutant” character of neoliberalism (Callison and Manfredi) in such a way that it does not become a totalizing reading : for that it is crucial to understand it as a response to particular cycles of struggle (hence the variable scale of its violence and modes of recomposition). Here a major problem arises that can be considered an open question, one that has been raised especially by transfeminist movements : what are the political tools of protest and negotiation of a labor force that lies in the intersection between financial (and platform) capitalism and non-guaranteed social reproduction ?
 
Ce séminaire analysera les expériences de grève contemporaines afin de les penser à partir de leurs expansions au-delà du territoire du travail salarié, dans une perspective féministe et anticoloniale.
Nous travaillerons sur plusieurs cas : les grèves féministes en Argentine, en Espagne et en Italie (2017-2024) ; les grèves indigènes-populaires-féministes en Équateur (2019 et 2022) ; la grève nationale-« estallido »/révolte en Colombie (2019-2020-2021) et la grève féministe (2018-2020) et l’« estallido »/révolte au Chili (2019).
Chacun de ces cas déploie une séquence et, en même temps, une discontinuité d’événements politiques et organisationnels qui peuvent être pensés en relation avec une dynamique qui est à la fois processuelle et subversive.
Nous combinerons chacun l’analyse de ces cas, de leurs conceptualisations et de leurs problématiques à partir de plusieurs questions : pourquoi ? comment la grève est-elle organisée ? quels sont, à chaque fois, les sujets et les revendications ? quelle relation peut-on établir avec les processus politiques dans chaque pays et au niveau transnational ? des cycles peuvent-ils être établis ? quels sont les territoires de la révolte ? quelles sont les temporalités de la grève ?
Nous discuterons à la fois des épistémologies des grèves et de la question de leur généralité, de leur efficacité et des ambitions économiques, politiques et subjectives qui les caractérisent.
 

Les séminaires sont ouverts aux étudiant·e·s de licence, master et doctorat, et aux auditeur·trice·s libres.
Renseignements auprès de Ariane Revel : ariane.revel@gmail.com.
Inscriptions dans le cadre des cursus auprès de Driss Bellahcene : Bâtiment A, Bureau A029 | driss.bellahcene@univ-paris8.fr.