Colloque. Du baroque au grotesque. Excès et boursouflure en politique. 3-4 oct. 2024
Colloque
Du baroque au grotesque
Excès et boursouflure en politique
Du baroque au grotesque
Excès et boursouflure en politique
Jeudi 3 et vendredi 4 octobre 2024
Université Paris 8
2, rue de la Liberté – 93200 Saint-Denis (M° Saint-Denis Université)
Institut Catholique de Paris
74 rue de Vaugirard – 75006 Paris (M° Rennes)
2, rue de la Liberté – 93200 Saint-Denis (M° Saint-Denis Université)
Institut Catholique de Paris
74 rue de Vaugirard – 75006 Paris (M° Rennes)
En accès libre le jeudi et sur inscription le vendredi
Ce colloque entend aborder, sur le temps long, les formes, les manifestations et les représentations du pouvoir qui s’exprime dans l’excès, l’exagération et la boursouflure. À l’origine de cette proposition se trouve une observation : alors que les périodes de crise tendent à se multiplier ces dernières décennies, en suscitant des interrogations et des travaux nombreux autour de l’émergence de formes de gouvernement d’urgence permanente, on a peu interprété dans ce cadre le rôle et le sens spécifiques qu’il convient d’accorder aux manifestations excessives du pouvoir, qu’elles soient maîtrisées ou incontrôlées.
L’exercice du pouvoir en situation de crise s’est vu contradictoirement marqué par une tension entre un état de faiblesse, dans son autorité ou sa légitimité, et un état d’excès de puissance dans ses moyens. Ce colloque entend aborder cette tension à partir des formes de monstration, voire de mise en scène, du pouvoir dans ses excès, jusqu’à la boursouflure et le grotesque dont il faudra se demander jusqu’à quel point ils sont assumés.
Par cette approche, il s’agit donc d’abord de prendre au sérieux les manifestations de pouvoir dans ses figures les plus grotesques, qui se jouent ouvertement dans le registre de l’excès. Il s’agit ensuite de comprendre ce qui est en jeu dans l’hyperbole du pouvoir ostensiblement mis en scène, mais aussi dans les caricatures inconscientes dont on doit se demander à quoi elles se rapportent. Enfin, c’est toute la part incontrôlée de l’excès que nous souhaiterions envisager, soit qu’elle échappe aux intentions du gouvernement de crise, soit qu’elle devienne une forme émancipée de ce pouvoir (le bouffon Falstaff ou les formes de résistance au pouvoir) : qu’est-ce que l’excès est censé provoquer politiquement et socialement, qu’est-ce qu’il rappelle ou réveille ?
Pour ce faire, le colloque se propose d’aborder la question sur un temps long, en ne s’interdisant aucun champ disciplinaire, et en repartant d’abord de grandes figures baroques classiques du pouvoir, dont le caractère boursouflé, sinon monstrueux, a été explicitement thématisé comme élément central de la forme visible du pouvoir, depuis Néron jusqu’à Richard III, en particulier dans des moments de guerre ou de crise. Un intérêt tout particulier pourrait être porté à la circulation de ces « figures », à la façon dont elles ont participé à la construction d’un imaginaire sur un temps long, et à la manière dont elles ont pu faire l’objet de retournements stratégiques lors de nouvelles situations de guerre ou de crise. On pourra revenir sur les différentes stratégies de théorisation de ces figures du grotesque en politique – on songe notamment aux réflexions de Walter Benjamin, mais aussi de Hegel, de Marx ou de Hugo.
Par l’ensemble de ces travaux, il s’agira de produire un nouvel éclairage sur les figures contemporaines de l’excès et du grotesque, assumés ou non.
Bien qu’elle naisse sur un terrain philosophique, cette proposition se veut résolument pluridisciplinaire : par son questionnement, elle se situe d’emblée à la lisière de l’étude des discours et des formes visibles du pouvoir, de la littérature telle qu’elle a accueilli et traité tout particulièrement certaines figures historiques de l’excès du pouvoir, majeures ou mineures, mais aussi des travaux politiques ou juridiques sur l’exception, qui traitent de ce qui excède la norme.
L’exercice du pouvoir en situation de crise s’est vu contradictoirement marqué par une tension entre un état de faiblesse, dans son autorité ou sa légitimité, et un état d’excès de puissance dans ses moyens. Ce colloque entend aborder cette tension à partir des formes de monstration, voire de mise en scène, du pouvoir dans ses excès, jusqu’à la boursouflure et le grotesque dont il faudra se demander jusqu’à quel point ils sont assumés.
Par cette approche, il s’agit donc d’abord de prendre au sérieux les manifestations de pouvoir dans ses figures les plus grotesques, qui se jouent ouvertement dans le registre de l’excès. Il s’agit ensuite de comprendre ce qui est en jeu dans l’hyperbole du pouvoir ostensiblement mis en scène, mais aussi dans les caricatures inconscientes dont on doit se demander à quoi elles se rapportent. Enfin, c’est toute la part incontrôlée de l’excès que nous souhaiterions envisager, soit qu’elle échappe aux intentions du gouvernement de crise, soit qu’elle devienne une forme émancipée de ce pouvoir (le bouffon Falstaff ou les formes de résistance au pouvoir) : qu’est-ce que l’excès est censé provoquer politiquement et socialement, qu’est-ce qu’il rappelle ou réveille ?
Pour ce faire, le colloque se propose d’aborder la question sur un temps long, en ne s’interdisant aucun champ disciplinaire, et en repartant d’abord de grandes figures baroques classiques du pouvoir, dont le caractère boursouflé, sinon monstrueux, a été explicitement thématisé comme élément central de la forme visible du pouvoir, depuis Néron jusqu’à Richard III, en particulier dans des moments de guerre ou de crise. Un intérêt tout particulier pourrait être porté à la circulation de ces « figures », à la façon dont elles ont participé à la construction d’un imaginaire sur un temps long, et à la manière dont elles ont pu faire l’objet de retournements stratégiques lors de nouvelles situations de guerre ou de crise. On pourra revenir sur les différentes stratégies de théorisation de ces figures du grotesque en politique – on songe notamment aux réflexions de Walter Benjamin, mais aussi de Hegel, de Marx ou de Hugo.
Par l’ensemble de ces travaux, il s’agira de produire un nouvel éclairage sur les figures contemporaines de l’excès et du grotesque, assumés ou non.
Bien qu’elle naisse sur un terrain philosophique, cette proposition se veut résolument pluridisciplinaire : par son questionnement, elle se situe d’emblée à la lisière de l’étude des discours et des formes visibles du pouvoir, de la littérature telle qu’elle a accueilli et traité tout particulièrement certaines figures historiques de l’excès du pouvoir, majeures ou mineures, mais aussi des travaux politiques ou juridiques sur l’exception, qui traitent de ce qui excède la norme.
Organisation :
Marie Goupy (ICP/LLCP) – Ninon Grangé (Paris 8 LLCP)
Marie Goupy (ICP/LLCP) – Ninon Grangé (Paris 8 LLCP)
JEUDI 3 OCTOBRE 2024
Université Paris 8 – Saint Denis
Salle des commissions
Université Paris 8 – Saint Denis
Salle des commissions
09h15 Ouverture
Matinée : BAROQUES : FORMES DU GROTESQUE
Présidente de séance : Ninon Grangé (Université Paris 8-saint denis)
Présidente de séance : Ninon Grangé (Université Paris 8-saint denis)
09h30 Natacha Israël (Universités de Rennes et de Saint Louis, Bruxelles, L’Autre Prépa)
Les effets du grotesque dans quelques pièces politiques de Shakespeare : la souveraineté est-elle disqualifiée ou renforcée ?
10h15 Stéphane Haber (Université Paris-Nanterre)
Victor Hugo et le grotesque. De l’esthétique à la politique
Les effets du grotesque dans quelques pièces politiques de Shakespeare : la souveraineté est-elle disqualifiée ou renforcée ?
10h15 Stéphane Haber (Université Paris-Nanterre)
Victor Hugo et le grotesque. De l’esthétique à la politique
11h00 Pause
11h15 Isaure Boitel
L’autre corps du roi. Louis XIV, figure de l’outrance
12h00 Eva Smrekar (Université Paris 8)
Le visage fardé, le costume surchargé : Pavane Royale, Magic City et le travestissement baroque dans l’entre-deux-guerres à Paris
L’autre corps du roi. Louis XIV, figure de l’outrance
12h00 Eva Smrekar (Université Paris 8)
Le visage fardé, le costume surchargé : Pavane Royale, Magic City et le travestissement baroque dans l’entre-deux-guerres à Paris
12h45 Discussion
Après-midi : LE GROTESQUE DU POUVOIR
Président de séance : Grégoire le Quang (Institut Catholique de Paris)
Président de séance : Grégoire le Quang (Institut Catholique de Paris)
14h30 Martine Leibovici (Université Paris Cité)
Un pouvoir qui n’a aucun sens de son propre grotesque (Victor Klemperer) et qui en retourne l’arme contre ses victimes (Charlotte Beradt)
15h15 Alya Aglan (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne)
Le masque et le miroir : la collaboration en dérision
Un pouvoir qui n’a aucun sens de son propre grotesque (Victor Klemperer) et qui en retourne l’arme contre ses victimes (Charlotte Beradt)
15h15 Alya Aglan (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne)
Le masque et le miroir : la collaboration en dérision
16h00 Pause
16h15 Déborah Brosteaux (Université Libre de Bruxelles)
Excès et gaucherie du pouvoir fasciste. Autour du Triomphe de la volonté de Leni Riefenstahl
Excès et gaucherie du pouvoir fasciste. Autour du Triomphe de la volonté de Leni Riefenstahl
17h00 Discussion
JEUDI 4 OCTOBRE 2024
Institut Catholique de Paris
Salle Z 30
Institut Catholique de Paris
Salle Z 30
Matinée : FIGURES DE LA PEUR ET DE LA DESTRUCTION
Présidente de séance : Marie Goupy (Institut Catholique de Paris)
Présidente de séance : Marie Goupy (Institut Catholique de Paris)
09h30 Thomas Berns (Université Libre de Bruxelles)
Quand devient-on grotesque ? Peur et incorporation des dangers – à partir des tumultes romains
10h15 Yves Hersant (École des Hautes Études en Sciences Sociales)
Sur un portrait de Mussolini : l’Aeroritratto d’Alfredo Ambrosi
Quand devient-on grotesque ? Peur et incorporation des dangers – à partir des tumultes romains
10h15 Yves Hersant (École des Hautes Études en Sciences Sociales)
Sur un portrait de Mussolini : l’Aeroritratto d’Alfredo Ambrosi
11h00 Pause
11h15 Cécile Miteran (Université Sorbonne Nouvelle)
De Duce à « grand imbécile » : le Mussolini grotesque de Curzio Malaparte
12h00 Esteban Buch (École des Hautes Études en Sciences Sociales)
Javier Milei et l’esthétique de la destruction
De Duce à « grand imbécile » : le Mussolini grotesque de Curzio Malaparte
12h00 Esteban Buch (École des Hautes Études en Sciences Sociales)
Javier Milei et l’esthétique de la destruction
12h45 Discussion et conclusion