CHERIF ZAHAR Farah. Lecture des Politiques d’Aristote


Semestre 1
Mardi 9h-12h
Licence ouvert Master
 
CHERIF ZAHAR Farah
Lecture des Politiques d’Aristote
 
Plusieurs éléments font du texte des Politiques d’Aristote, pourtant un classique de la philosophie politique, un texte difficile d’accès et a priori peu attirant. En premier lieu, les exégètes d’Aristote ont reproché à l’ensemble des huit traités réunis sous ce titre son caractère mal articulé, son absence de transitions réelles et la nature artificielle des liaisons existantes, ses décalages et contradictions argumentatives, ses promesses de développements non tenues, ses changements intempestifs de plan et ses ambiguïtés nombreuses. Face notamment aux limites des tentatives de lectures chronologiques, « nous sommes condamnés à nous accommoder d’un "essaim de Politiques" bien plus irréductible que l’essaim des vertus du Ménon » (Pierre Pellegrin). En deuxième lieu, malgré une transmission attestée, la tradition philosophique antique semble s’être désintéressée de cette œuvre, nous privant ainsi de l’appui d’une tradition exégétique établie. À cela s’ajoute le fait qu’Aristote traite dans les Politiques d’une réalité, la Cité-État (polis) aujourd’hui disparue et qui semble sans rapport avec les États-nations modernes de sorte que notre intérêt pour le texte paraît, à première vue, ne pouvoir être qu’historique. Enfin, outre la critique de la démocratie, Aristote y défend plusieurs thèses aujourd’hui inacceptables : défense de l’esclavage, de la domination masculine, limitation de la citoyenneté, racisme culturel et linguistique, etc.
Malgré les difficultés liées à la matérialité du texte, on s’emploiera à faire une lecture d’ensemble des Politiques en prenant pour fil directeur la question de la recherche par Aristote de la meilleure constitution ou du meilleur régime politique. Aristote vise en effet à donner une formation théorique aux législateurs ou nomothètes, afin qu’ils établissent et défendent, dans toutes les situations, la meilleure constitution, celle qui conduira les citoyens à la vertu et à la pleine réalisation de leur nature. Et de ce point de vue, Aristote ne vise pas seulement une constitution idéale mais également l’amélioration des constitutions existantes, faisant preuve d’un réalisme politique incontestable. L’œuvre présente ainsi des enjeux à la fois théoriques, politiques et éthiques que nous étudierons en détail.
L’examen des thèses principales des Politiques sera articulé à un questionnement sur ce que la lecture de cette œuvre peut, malgré ses limites nombreuses et indéniables, apporter à notre réflexion politique aujourd’hui.
 
Bibliographie indicative :
Aristote, Les Politiques, traduction de Pierre Pellegrin, Paris, GF Flammarion, 1990 (plusieurs rééditions).
M. Deslauriers et P. Destrée, The Cambridge Companion to Aristotle’s Politics, Cambridge, Cambridge University Press, 2013.
P. Pellegrin, L’excellence menacée. Sur la philosophie politique d’Aristote, Paris, Classiques Garnier, 2017.
F. Wolff, Aristote et la politique, Paris, Puf, 1991.