Journée d’études. Le prisme écologique : enjeux épistémologiques et politiques. 14 mars 2022


Journée d’études
Le prisme écologique : enjeux épistémologiques et politiques
 
Lundi 14 mars 2022, 9h45 – 19h
Université Paris 8 | Maison de la Recherche | Salle A2 201
organisée par
Andrea ANGELINI, Pierre CASSOU-NOGUÈS, Orazio IRRERA
 
Activité de recherche du Département de Philosophie de l’Université de Paris 8
et du Laboratoire d’études et de recherches sur les Logiques Contemporaines de la Philosophie (LLCP, EA 4008).
 
 
L’écologie est à l’ordre du jour et engage une partie fondamentale des urgences politiques actuelles. Les études toujours plus inquiétantes sur l’impact environnemental (effet de serre, déclin de la biodiversité, limites physiques des ressources et contraintes de la reproduction sociale, pollution et diffusion d’agents pathogènes, migrations de masse, jusqu’à la multiplication récente des évènements épidémiques) ont intégré de façon inédite l’écologie dans le cadre des priorités gouvernementales. Depuis quelques temps, on constate les différentes tentatives de greenwashing à l’occasion de nombre de sommets transnationaux consacrés à l’élaboration d’une nouvelle governance socio-environnementale. Cette nouvelle rationalité politique néolibérale s’efforce d’inclure une certaine « réflexivité écologique » dans ses stratégies gouvernementales d’une façon qui se révèle aussitôt insuffisante, inefficace et idéologique. 
En outre, comme l’ont observé d’importants épistémologues contemporains, tout au long des dernières décennies, on assiste à une transformation de la relation entre science et politique par rapport à l’apparition d’une scène géohistorique et géopolitique exposée à de multiples situations critiques, ou voire catastrophiques. Cette situation décourage autant le travail théorique que le dialogue entre science et philosophie, au profit d’une science conçue exclusivement comme problem solving ou comme capacité de contrôle et de prédiction soumise à certains intérêts économiques et à de nouvelles formes de marchandisation de la nature. Dans ce sillage, on finit par oblitérer et dépolitiser la détermination des responsabilités de la crise écologique, par contourner la multiplicité de conflits socio-environnementaux et par effacer les inégalités produites par cette gestion technocratique. Quoique la reconnaissance du lien indissoluble entre politique et écologie soit aujourd’hui considérée chose acquise, la complexité de ce rapport se prête pourtant aux interprétations les plus variées. Les instruments épistémologiques transdisciplinaires pour aborder cette complexité et ses implications théoriques et politiques ne sont pourtant point évidentes et demeurent encore à explorer.
Toute une série de concepts – écosystème, nature, environnement, régulation, biodiversité, métabolisme, conservation, santé environnementale, anthropocène – sont souvent employés par la technocratie green comme des termes évidents, circulant sans solution de continuité entre plusieurs champs scientifiques, le débat politique et le langage quotidien, sans discernement de leur polysémie et de leurs différentes bases épistémologiques. Cependant, l’écologie représente un véritable carrefour entre plusieurs domaines de recherche et doit être reconnue comme la science transdisciplinaire par excellence dont les concepts se prêtent aux approches théoriques et politiques les plus diverses. L’actuel statut épistémologico-politique de l’écologie manifeste son histoire discontinue et ses provenances épistémologiques hétérogènes : sciences biologiques (jadis son milieu théorique d’émergence), sciences physiques et chimiques, sciences géographiques et géologiques, éthologie, cybernétique, théorie des systèmes, économie, sciences de la santé. Et encore, l’écologie a été considérée – en tant que « science des relations » – comme l’espace épistémique de rencontre entre sciences naturelles et sciences sociales. Une rencontre qui a donné lieu par la suite à la naissance de plusieurs disciplines « hybrides » (écologie humaine, ethnoécologie, anthropologie écologique, socio-écologie, géographie culturelle, économie environnementale, environmental history, etc.) déterminant la complexité ultérieure des critères scientifiques qui orientent l’étude des relations entre société et environnement.
La circulation des concepts écologiques entre maints domaines scientifiques ainsi que leur insertion dans les technologies gouvernementales, rendent particulièrement difficile la définition du seuil de leur épistémologisation, les limites de leur validité ou leurs extensions idéologiques. Néanmoins, cette pluralité et fluidité épistémiques invoquent une interrogation suivie et également transdisciplinaire. À partir de cet angle d’attaque, ce colloque propose un dialogue entre plusieurs perspectives de recherche afin d’approcher les défis de l’écologie au prisme d’une réflexion critique à la fois philosophique, épistémologique et politique.
 
 
Programme
 
9h45 : Accueil – Pierre CASSOU-NOGUÈS, Orazio IRRERA, Andrea ANGELINI
 
Première session : 10h15 - 12h15
Président de séance : Pierre CASSOU-NOGUES
 
Giuseppe LONGO (CNRS, ENS / Centre Cavaillès) – Le technofix de la nature et le déni écologique.
 
Anne ALOMBERT (Université Paris 8, LLCP) – Entropies, écologies, économies dans l’ère Entropocène : quelles transitions énergétiques pour les trois écologies ?
 
12h15 - 14h00 : Pause déjeuner
 
Deuxième session : 14h -16h
Président de séance : Orazio IRRERA
 
Véronique LE RU (Université de Reims Champagne-Ardenne, CIRLEP) – La difficile cohabitation dans un milieu vivant.
 
Andrea ANGELINI (Université Paris 8 et ENS / Centre Cavaillès) – Écosystème ou milieux ? Une perspective épistémologique et politique.
 
16h – 16h20 : Pause-café
 
Troisième session : 16h20 - 18h45
Président de séance : Andrea ANGELINI
 
Alice CUVELIER (Université Paris 8, LLCP) – Comment penser le rapport aux écosystèmes dans la production de connaissance pour la transition écologique ? Une ontologie des hyper-objets environnementaux.
 
Aurèle MÉTHIVIER (Université Paris 8, LLCP | GRAF) – Foucault et le « système ». Le gouvernement cybernétique de l’homme et de la nature.
 
Sarah CATHEY (Université Paris 8, LLCP) – Lynn Margulis et la théorie de Gaïa.
 
18h45 : Clôture – Pierre CASSOU-NOGUÈS, Orazio IRRERA, Andrea ANGELINI