Département de philosophie

2022-2023 — Semestre 2

Jeudi 12h-15h

Master ouvert Licence

 

 

À quelles conditions peut-on penser une expérience pure affranchie du couple sujet/objet ? On étudiera sous cet angle la déconstruction de ce que la philosophie a conçu, dans son histoire, comme le problème de la perception : l’accès du sujet à un objet. Une perception sans objet est-elle encore une perception ? Le dernier Merleau-Ponty, dans ses « Notes de travail », puis « l’empirisme transcendantal » de Deleuze ont porté à sa limite ce concept de « perception » en révélant, en deçà, son matériau moléculaire : ce qui en elle, tout en la constituant, n’est plus à proprement parler la perception mais la « pulpe du sensible » (Merleau-Ponty) ou encore « l’être du sensible » (Deleuze). Le second, toutefois, engage un dépassement du premier. Car dans cette logique du sensible que la phénoménologie a élaboré comme un « discours » de l’expérience, les formes d’intentionalité aussi écartées qu’elles puissent être du modèle judicatif de l’intentionalité (la signification) aussi anonymes et désubjectivées qu’elles soient, n’en continuent pas moins d’appréhender le sensible comme réalisation d’un sens. C’est cet ultime présupposé que décape l’empirisme transcendantal deleuzien, en affranchissant le champ transcendantal lui-même de sa définition par la dimension discursive de la pensée.

 

Deleuze, Différence et Répétition, Paris, Puf, 1968, chapitre IV

– Logique du sens, Paris, Minuit, 1969, Séries 3, 5 et Appendice 4 

– Le Pli, Leibniz et le baroque, Paris, Minuit, 1988, chap. 7

Deleuze et Guattari, Mille Plateaux, Paris, Minuit, 1980, 11e plateau « 1837-De la ritournelle »

Guattari, Chaosmose, Paris, Galilée, 1992, chap.4

Merleau-Ponty, Le Visible et l’Invisible, Paris, Gallimard, « Tel », 2000, « Notes de travail »

– « Bergson se faisant », in Signes, Gallimard, 1960, « folio essais », 2001