Département de philosophie

 

Lorsque Marcel Mauss publie son Essai sur le Don (1925), celui-ci cherche à mettre en évidence dans ce qu’il nomme « les sociétés archaïques », des modalités et des pratiques d’échanges autres que celles qui ont cours dans l’économie de marché, et dont on pourrait même retrouver les traces dans les sociétés occidentales. Le don serait ainsi le témoignage d’une logique diamétralement opposée à celle de l’économie libérale. Il mettrait en évidence une économie de l’échange désintéressée, s’appuyant sur l’idée d’une dépense sans gain, permettant ainsi la remise en cause de la prétendue naturalité de l’économie de marché, ainsi que l’anthropologie de l’homo œconomicus qu’elle sous-tend. Il s’agira dans ce cours d’analyser la façon dont ce concept de don peut être mobilisé comme un outil critique des fondements de l’économie classique et comment celui-ci peut être sollicité dans le cadre de modèles alternatifs de l’économie. Mais nous aurons également à revenir sur les aspects foncièrement problématiques qui demeurent dans ce concept, en nous appuyant notamment sur les objections d’inspiration marxiste (Moishe Postone) et spinoziste (Frédéric Lordon). Enfin nous nous pencherons, avec Jacques Derrida, sur l’aspect proprement éthique de ce concept, pour saisir les conséquence pratiques qui en découlent.

 

Bibliographie indicative :
Derrida, Jacques, Donner le temps I, Paris, Galilée, 1991.
Derrida, Jacques, Donner la mort, Paris, Galilée, 1999.
Hénaff, Marcel, Le prix de la vérité. Le Don, l’argent, la philosophie, Paris, Seuil, 2002.
Hénaff, Marcel, Le don des philosophes, Paris, Seuil, 2012.
Lordon, Fréderic, L’intérêt souverain, Paris, La découverte, 2006.
Mauss, Marcel, Essai sur le Don, Paris, P.U.F, 1925.
Postone, Moishe, Marx, par-delà le marxisme, Albi, Crise & Critique, 2022.