Département de philosophie

Contacter et convertir : Philosophie, droit et théologie face aux « Nouveaux mondes »

 

La séquence historique de la Première Modernité coloniale inaugura une recodification de l’espace global et une crise des représentations théologico-politiques qui configuraient l’ordre spatial et épistémique de l’Empire chrétien médiéval. Dans le contexte des prises de terres dans l’Atlantique et du premier « contact », l’irruption déconcertante de sujets et d’espaces nouveaux au regard européen, tels les Canaries, les Antilles et les Amériques, et la nécessité impériale et missionnaire d’assujettir les autochtones, activèrent une série de débats, d’inventions argumentatives et rhétoriques et d’innovations conceptuelles qui joueront un rôle déterminant dans la genèse de la philosophie politique moderne. Ces débats trouvèrent un support privilégié dans les relations missionnaires, témoignages du contact direct, violent et déconcertant des colonisateurs avec les populations indigènes (guanches, taïnos, guayú, tupí, aztèques), qui donneront lieu à d’âpres controverses sur la façon dont la foi chrétienne devait être prêchée et ces populations soumises, tout en reconfigurant des débats théologiques plus anciens, doctrinaux et pratiques, sur les places respectives de la « force » et du « consentement » dans la conversion légitime. L’objectif de ce cours sera, en revenant sur ces débats au croisement de la théologie, du droit et de la proto-ethnographie, d’analyser la généalogie coloniale de ce couple catégoriel clé de la philosophie politique moderne.

 

Nestor Capdevila, Las Casas une politique de l’humanité. L’homme et l’Empire de la foi, Cerf, 1998.

Las Casas, Sepúlveda, Nesto Capdvila (éd.), La controverse entre Las Casas et Sepúlveda, précédé de N. Capdvila, Impérialisme, empire et destruction, Paris, Vrin, 2007.

Eduardo Viveiros de Castro, L’inconstance de l’âme sauvage (1993), Genève, Labor & Fides.

Rumen Sosa, Proceso de sustitución lingüística en Canarias, Tesis doctoral, Universidad de Las Palmas de Gran Canaria, marzo 2021.

Francisco de Vitoria, Leçons sur les Indiens et sur le droit de guerre, Genève, Librairie Droz, 1966.

Fermín del Pino-Díaz, « La Renaissance et le Nouveau Monde : José d’Acosta, jésuite anthropologue (1540-1600) », L’Homme, t. 32 n°122-124, 1992 : La Redécouverte de l’Amérique, pp. 309-326.