KISUKIDI Nadia Yala, Lire L’enracinement de Simone Weil


2023-2024 – Semestre 2
Lundi 12h-15h
Licence ouvert Master
 
KISUKIDI Nadia Yala
Lire L’enracinement de Simone Weil
 
Le livre de Simone Weil L’enracinement, publié à titre posthume en 1949 par Albert Camus, rassemble un ensemble de textes traitant de problèmes sociaux, politiques et religieux, écrits par la philosophe, à la fin de sa vie, entre 1942 et 1943, durant la Deuxième Guerre Mondiale. Simone Weil analyse le malheur, des formes de violence et de dépossession intime et politique provoquées par le pouvoir de l’argent, la conquête militaire et la domination économique engendrant, selon ses mots, « la maladie du déracinement », permettant une critique combinée de la colonisation et du salariat. À travers la lecture suivie de L’enracinement, il s’agira ainsi de saisir la dialectique enracinement/déracinement qui structure le propos philosophique de Simone Weil, et de comprendre comment on peut se rapporter d’une manière qui n’est ni close, ni meurtrière à l’idée d’attachement – attachement (terrestre, spirituel) à un milieu - c’est-à-dire à l’idée de « racine ». Si les idées d’enracinement et de déracinement apparaissent d’un maniement difficile, en raison des imaginaires politiques fermés qu’elles semblent drainer systématiquement, il faudra interroger le concept de « racine », ou la nécessité d’un ancrage (enracinement) dans une collectivité, dans la pensée de Weil. Mais aussi, saisir dans quelle mesure l’idée de « déracinement » s’apparente à un malheur, qui pèse sur l’âme humaine.
D’un point de vue méthodologique, ce séminaire propose une lecture interne de l’œuvre de Weil, mise en dialogue avec les auteurs qui traversent les livres de la philosophe (Platon, Descartes, Kant) ou qui appartiennent à un moment philosophique plus contemporain de son œuvre (Alain, Cavaillès, Camus…). Mais on tentera, également, d’effectuer une rencontre entre ce texte posthume de 1949 et des espaces de pensée qu’il ne convoque pas immédiatement ou qui sont parfois plus tardifs, et qui sont travaillés, également, par la nécessité ou le refus de penser la « racine » (courants de la négritude, pensées des mondes Caraïbes (Mercer, Glissant, Hall…).

Indications bibliographiques :
Alain, Mars ou la guerre jugée, Paris, Gallimard, coll. Folio/Essais, 1995
Albert Camus, Le mythe de Sisyphe, Paris, Gallimard, coll. Folio/Essais, 1985
Catherine Chalier, « Simone Weil », dans Le Désir de conversion, Paris, Seuil, 2011
Valérie Gérard (dir.), Simone Weil, lectures politiques, Paris, Éditions rue d’Ulm, 2011.
Joël Janiaud, Simone Weil, l’attention et l’action, Paris, PUF, coll. « Philosophie », 2002
Simone Weil, L’enracinement. Prélude à une déclaration des devoirs envers l’être humain, Paris, Gallimard, coll. Folio/Essais, 1995.
Simone Weil, Œuvres, Paris, Gallimard, coll. « Quarto », 1999.