PRADO Plinio. Studia Inhumanitatis (I) Après les humanismes


2019-2020 – Semestre 1 et 2
Lundi 18h-21h
Licence, Master
Validable uniquement au S1
 
PRADO PLINIO
Studia Inhumanitatis (I)
Après les humanismes.
 
« ... he ran like this until every sign of man had disappeared. » (Sam Shepard & Wim Wenders, Paris, Texas, 1978)
— À l’aube du XXe siècle Apollinaire déclare : « Les artistes veulent devenir inhumains ». Qu’est-ce à dire ? — Le siècle nous a appris plusieurs sortes d’« inhumanité » : celle des camps ; celle du développement technoscientifique vers la « post-humanité » ; celle de la pauvreté et de la misère déjà, qui nous environnent de toutes parts. Il n’est pas jusqu’à la sexualité « humaine » qui ne trahit les marques d’une part d’inhumanité irréductible en chacun, comme l’indique l’idée d’une sexualité infantile. — Mais, de l’humanité, qu’en est-il ?
— Il fut un temps où l’Europe a connu des études d’Humanités, les studia humanitatis. Elles reprenaient l’interrogation philosophique initiale : quelle est la signification de l’humain, sa destination ? Érasme en a défini l’enjeu : on ne naît pas humain, on le devient  ; il faut donc prendre soin de ce devenir. — Cela fut oublié entre-temps, dans l’affairement du développement... — Cependant, de la thèse érasmienne la modernité concluait : on naît non-humain ; chacun aura existé (comme inhumain) avant d’exister (comme sujet parlant). Freud a nommé cette existence « pré-historique » l’infantia, désignant ainsi ce qui en l’humain l’excède constitutivement. Trouble dans les Humanités : l’humain ne sera humain qu’autant qu’il prend soin de cet excès qui l’habite ou le squatte (Zweig dira : qu’autant qu’il engage un « combat avec le daïmon  »).
— Foucault soulignait : il n’y a pas d’autre point de résistance au pouvoir politique que dans le rapport de soi à soi. Il faut compléter l’observation par cette remarque de Lyotard : dans ce soi il y a un autre, l’étranger inhumain, qui est tout autre que « les autres ». Il est le dernier point de résistance, ce dont il faut absolument prendre soin désormais. — D’où les présentes « études d’inhumanités ». — Nous repartirons alors de cette remarque d’Adorno, qui fait écho à la déclaration d’Apollinaire et circonscrit en un mot l’orientation de notre séminaire : « L’art n’est fidèle aux humains que par son inhumanité à leur égard. »
 
Indications bibliographiques :
 
Textes-tuteurs :
 
  • M. Heidegger, Über den « Humanismus » (1946) ; tr. fr. Munier, Lettre sur « l’humanisme », 1964 J.
  • Lacan, Le Séminaire : L’Éthique de la psychanalyse (1959-1960), 1986 :
    http://staferla.free.fr/S7/S7.htm
Premiers repères bibliographiques (outre les auteurs et les œuvres susmentionnées)  :
 
  • G. Deleuze, « Sur la mort de l’homme et le surhomme », Foucault, 1986
  • J. Derrida et al., Les fins de l’homme (1980), Lacoue-Labarthe et Nancy (dir.), rééd. Hermann, 2013
  • P. Fedida, Humain, déshumain, 2007
  • J.-F. Lyotard, L’inhumain, 1988
  • P. Slojterdijk, Règles pour le parc humain (1999) suivi de La Domestication de l’Être (2000), tr. fr. Mannoni, 2000
  • Tu dois changer ta vie (2009), tr. fr. Mannoni, 2011
(Compléments bibliographiques dans Plínio PRADO | Universite Paris-8, France - Academia.edu. La version intégrale de l’argument sera présentée lors de la 1ère séance du séminaire.)