RAMBEAU Frédéric, Dedans/Dehors. Les paradoxes de la conscience


2022-2023 — Semestre 1
Jeudi 12-15h
Master ouvert Licence
 
RAMBEAU Frédéric
Dedans/Dehors. Les paradoxes de la conscience
 
Ce cours propose d’explorer les paradoxes du concept d’intentionalité. On étudiera, en amont, son archéologie dans l’histoire de la métaphysique : le concept d’intentio et la distinction entre intention première et intention seconde. L’intentionalité trouve sa source dans la définition de l’être ou de l’« étant » comme objet visé par la connaissance : la métaphysique d’Avicenne ouvre la voie à l’identification moderne de l’ontologie à une théorie de l’objet, en se confrontant au paradoxe de l’inexistence réelle. On étudiera, en aval, les transformations de l’intentionalité dans la philosophie contemporaine, qui la portent à sa limite et peut-être à son épuisement. La phénoménologie, qui fait de la conscience son présupposé inentamé, pousse aussi l’intentionalité à ses extrêmes limites : en la détachant du sujet transcendantal kantien, Husserl propose le concept d’une conscience désubjectivée, et Merleau-Ponty celui d’une conscience sans objet. On s’attachera plus spécifiquement aux deux concepts énigmatiques d’une conscience plus large que le sujet, et d’une intentionnalité ontologique (et non plus égologique). Ils engagent une double critique : la critique du rôle unifiant et individualisant du « Je pense » et la critique du présupposé psychologique de l’expérience interne. Repensée à partir de la puissance d’extranéation de l’intentionnalité, la conscience n’est pas plus « dedans » que « dehors », elle définit le bord d’immanence de tout ce qui apparaît.
 
Indications bibliographiques :
Avicenne, Métaphysique du Shifa’, Livre 1 et 3, Paris, Vrin, 1978, pp.85
Duns Scot, Ordinatio I, in Sur la connaissance de Dieu et l’univocité de l’étant, Puf, 1988
Meinong, Théorie de l’objet, Vrin 1999
Husserl, Recherches Logiques, Recherche V, tome 2 volume 2, Paris, Puf, 1962
Agamben, La communauté qui vient. Théorie de la singularité quelconque, trad. M. Raiola, Paris, Seuil.