FALCONIERI Alessandro, GINÉS Camila, IRRERA Orazio, Alèthurgie et idéologie


2021-2022 — Semestre 1
Vendredi 12h-15h
Master ouvert Licence
1er cours : Vendredi 1er octobre 2021
Visioconférence du 1er cours : https://univ-paris8.zoom.us/j/2402982684
Pour toute question concernant ce cours (y compris les demandes d’inscription) les étudiants sont priés d’adresser toujours leurs mails à tous les trois enseignants de ce cours.
 
FALCONIERI Alessandro, GINÉS Camila, IRRERA Orazio
Alèthurgie et idéologie
 
Au début des années 1980 Foucault affirme qu’« il n’y a pas d’exercice du pouvoir sans quelque chose comme une alèthurgie », c’est-à-dire une manifestation de vérité opérée par un sujet qui, par le même geste, se constitue à l’intérieur d’un régime de vérité et s’inscrit dans un ordre normatif auquel il est contraint de se conformer (ou duquel il doit prendre le risque de s’en écarter). Nous verrons comment l’alèthurgie devient non seulement la surface d’inscription des problèmes et des enjeux abordés par Foucault dans les années 1970 (notamment ceux autour de l’aveu et de l’enquête qui fait l’objet de l’analyse « alèthurgique » de l’Œdipe-roi de Sophocle), mais aussi le cadre éthico-politique de ses dernières analyses sur l’obligation de dire-vrai sur soi-même dans l’Antiquité gréco-romaine. Après avoir élucidé les processus de subjectivation propres à l’alèthurgie, nous examinerons en quoi cette notion s’oppose à une autre perspective importante sur le devenir-sujet : celle de l’interpellation idéologique qui, d’Althusser jusqu’à Butler, a profondément marqué la manière de penser l’assignation des individus aux normes visant à les définir et à les gouverner. Il sera ainsi question de délimiter la portée de la notion d’alèthurgie par rapport à celle d’idéologie selon la manière différente de concevoir la matérialité des processus de subjectivation, qu’il s’agisse de la matérialité des corps investis par les normes assurant la reproduction d’un certain ordre social et économique, ou de la configuration matérielle des espaces où les individus sont censés se constituer idéologiquement en sujets, ou de manifester, de manière alèthurgique, leur inscription dans un régime de vérité autour duquel s’organise l’isotopie des dispositifs disciplinaires et biopolitiques rendant possible le contrôle des espaces et de la circulation qui y est encouragée, limitée, ou interdite.
 
Indications bibliographiques :
 
  • M. Foucault, Du gouvernement de vivants. Cours au Collège de France. 1979-1980, Paris, EHESS/Seuil/Gallimard, 2012.
  • ––––––––––, Le courage de la vérité. Cours au Collège de France. 1983-1984, Paris, Seuil/Gallimard, 2009.
  • ––––––––––, Le pouvoir psychiatrique. Cours au Collège de France. 1973-1974, Paris, EHESS/Seuil/Gallimard, 2003.
  • ––––––––––, Mal faire, dire-vrai. Fonction de l’aveu en justice. Cours de Louvain, 1981, Chicago/Louvain, University of Chicago Press/Presses Universitaires de Louvain, 2012.
  • L. Althusser, « Idéologie et appareils idéologiques d’État » (1970), dans Sur la reproduction, Paris, PUF, 1995.
  • P. Macherey, Le sujet des normes, Paris, Ed. Amsterdam, 2014.
  • J. Bouveresse, Nietzsche contre Foucault. Sur la vérité, la connaissance et le pouvoir, Marseille, Agone, 2016.